Dernière course internationale émouvante pour Heinz Frei
Ce samedi, Heinz Frei a disputé sa dernière course sur route des championnats du monde. A 66 ans, le handbiker ne fait plus partie des candidats aux médailles après sa médaille d'argent à Tokyo en 2020. Cela ne dérange guère le quintuple vainqueur des Jeux Paralympiques. Sa dernière course a surtout été difficile sur le plan émotionnel.
Samedi matin, à 8h30, Heinz Frei a pris le départ de sa dernière course sur route dans la catégorie H3 des premiers championnats du monde de cyclisme inclusifs à Zurich. Le Soleurois a parcouru ses 57,8 derniers kilomètres dans une course internationale laissant quelques coureurs derrière lui. Il s'est classé à la 16e place, juste derrière le jeune handbiker suisse Micha Wäfler et devant Fabian Kieliger (18e). Mais le classement avait peu d'importance ce jour là pour la fin de ses derniers championnats du monde.
« Je pense qu'il y a eu des jours et des courses plus agréables. Les conditions générales étaient difficiles, au niveau de la météo et ensuite avec le décès de Muriel Furrer, cela m'a beaucoup ému, aussi pendant la course. C'était une course très difficile pour moi. Je suis content que ce soit fini. Il y aura à nouveau des journées plus ensoleillées », déclare Heinz Frei à la fin de ses derniers championnats du monde dans l'aire d'arrivée.
Heinz Frei fait partie des sportifs de haut niveau les plus performants du pays. Il est considéré comme un pionnier du sport en fauteuil roulant et jouit d'un statut de légende absolue dans le milieu paralympique et du sport suisse en général. Il a ramené 15 médailles d'or des 15 Jeux Paralympiques. Il a réussi à triompher dans trois disciplines différentes - en athlétisme, en ski de fond et en handbike - dans l'histoire de l'événement le plus important pour le para-sport. De plus, 14 titres de champion du monde et plus de 100 victoires en marathon ornent son palmarès impressionnant.
Des bras plus épais que le « grand-père »
Aujourd'hui, Heinz Frei ne fait plus partie des candidats aux médailles. Il prend cela avec sérénité. « Aujourd'hui, d'autres avec des bras plus épais sont plus rapides . Il doit en être ainsi, il ne faut pas que le grand-père remporte encore des courses ici ». Les championnats du monde à domicile sont une « belle conclusion » pour lui, dit Frei. « J'aurais déjà pu prendre ma retraite en 2021 aux Jeux Paralympiques de Tokyo, avec cette magnifique médaille d'argent ». A 63 ans à l'époque, il a bravé (presque) toutes les attaques de ses jeunes concurrents et n'a manqué l'or que de cinq mètres.
De la gratitude plutôt que de la nostalgie
Les adieux aux championnats du monde suscitent-ils des émotions ? « A la fin, ce n'est pas la nostalgie de la fin de quelque chose qui prédomine, mais la reconnaissance et l'humilité que cela ait duré si longtemps, sans douleur, sans accident ». Ce père de deux enfants, qui se déplace en fauteuil roulant depuis l'âge de 20 ans suite à une chute en montagne, est en paix avec lui-même. « J'ai maintenant 66 ans, je suis en bonne santé et je peux décider moi-même que c'est fini ».
Il veut continuer à s'entraîner quotidiennement. « C'est ma prévoyance vieillesse », dit-il. Le plaisir de faire de l'exercice lui durera encore longtemps. « L'entraînement m'aide à rester en forme et à conserver ma qualité de vie et ma joie de vivre ».
Mais Heinz Frei ne serait pas Heinz Frei si on ne le voyait plus en compétition. Au moins au niveau national, il veut participer de temps en temps à une « course de coin de maison ». « Je donne à mes collègues la chance de me battre encore une fois », dit-il avec un grand sourire. Dimanche, il est invité au marathon de Berlin. Pour lui, il n'est pas question de refuser cette offre malgré le départ seulement 24 heures après sa participation aux championnats du monde de Zurich.
Image: Keystone-ATS