Monique Schacher, Natation

Pour Monique Schacher, qui possède la double nationalité suisse et canadienne, la natation est une passion de longue date. Pendant les cinq premières années de sa vie, la future nageuse pratique son activité préférée sur la côte canadienne. Elle a quitté Vancouver pour la Suisse à l’âge de cinq ans. Plus tard, lorsqu’elle se verra clouée dans un fauteuil roulant, la sportive dira avoir eu l’impression que le monde entier s’écroulait autour d’elle.

Jeune femme, Monique Schacher se découvre soudain une passion pour les sports d’hiver, qu’elle se met alors à pratiquer en parallèle de sa profession d’infirmière dans un hôpital pédiatrique. Après avoir achevé une formation pour devenir professeure de snowboard, elle quitte son travail pour partir enseigner ce sport sur les pentes canadiennes. A ce jour, les médecins ne s’accordent toujours pas sur l’origine de la tétraplégie qui a frappé la sportive: selon eux, il s’agirait soit d’une infection bactérienne, soit d’une violente chute en snowboard. Quelle qu’en soit la véritable cause, ce coup du sort a durement touché Monique Schacher, aujourd’hui domiciliée à Kriens.

Découverte du sport en fauteuil roulant grâce à Heinz Frei

Lorsque Monique Schacher apprend à Nottwil qu’elle ne pourra plus se déplacer qu’en fauteuil roulant, la première réaction de la jeune femme alors âgée de 28 ans est de tout nier en bloc. Pour elle, le snowboard est toute sa vie. «Je me suis dit que si je ne pouvais plus faire de snowboard, alors je ne voulais même pas prendre la peine d’apprendre à m’asseoir seule dans le fauteuil», raconte la nageuse.

Après trois semaines dans le service de rééducation à Nottwil, elle fait la connaissance du désormais légendaire Heinz Frei. L’athlète en fauteuil roulant présente alors à Monique Schacher les différents sports qu’elle peut pratiquer en fauteuil. «D’abord, j’ai été attirée par l’athlétisme. Je me suis alors fait la réflexion que si je voulais pratiquer l’athlétisme en fauteuil roulant, il serait bon de savoir dans un premier temps comment m’installer toute seule dans mon fauteuil, raconte la Schaffhousoise. Le sport est ce qui m’a sauvée à ce moment-là, car je pouvais dès lors à nouveau me définir à travers lui.» Elle s’essaye donc par la suite à plusieurs sports en fauteuil roulant.

Du monoski-bob à la natation, sa première passion

Finalement, Monique Schacher a pu de nouveau goûter au plaisir des sports d’hiver par le biais du monoski-bob. La sportive tétraplégique œuvre ensuite pendant plusieurs années au sein du cadre de la relève de Sport suisse en fauteuil roulant, avant de devoir abandonner le snowboard en 2015 pour des raisons de santé. Des pistes enneigées, la sportive aujourd’hui âgée de 48 ans retourne finalement à ses premières amours: la natation. En effet, pendant tout ce temps, elle n’a jamais vraiment cessé de nager, s’entraînant de temps à autre en piscine. C’est ainsi que Monique a rejoint PluSport en 2020, participant aujourd’hui à des compétitions au sein du cadre en tant que para nageuse. Elle s’est fixé comme objectifs sportifs de participer au Championnat du monde ainsi que de se qualifier, si possible, pour les Jeux Paralympiques. «Je vise la qualification aux Jeux Paralympiques, que ce soit les Jeux de Paris 2024 ou les suivants. On verra bien», déclare la nageuse.

Suite à la maladie ou à l’accident qui a causé sa tétraplégie, Monique Schacher s’est aussi réorientée dans sa vie professionnelle. Après avoir suivi à Zoug une formation dans l’enseignement, elle est aujourd’hui enseignante à temps partiel dans une école primaire de Lucerne. Sa seconde patrie, le Canada, lui manque parfois. «Lorsque je participe à une compétition internationale et que j’entends l’accent canadien en anglais, je me sens de retour chez moi.» Ce qui lui plaît le plus dans la natation? Pouvoir faire le vide et se mouvoir en toute légèreté. Après tout, Monique Schacher n’a jamais su s’arrêter de bouger.