Jean-Marc Berset, Cyclisme

Jean-Marc Berset fut une figure marquante de la scène paralympique pendant des années, voire des décennies. Déjà avant son accident de voiture qui le rendit paraplégique en avril 1983, il était déjà passionné de sport. Il jouait au football au niveau amateur, s’entraînait aussi à l’athlétisme et faisait du ski. Toutes ces activités, il les pratiquait en plus de son métier de boulanger.

L’accident de Jean-Marc Berset est arrivé à une période où le sport en fauteuil roulant où ne trouvait en général que peu de résonnance. Seules quelques options en matière de sport s’offraient aux athlètes. Ces derniers ont par conséquent joué un rôle de pionnier dans le développement des disciplines en fauteuil roulant. Après un court essai en basket-ball, ce boulanger de Bulle a trouvé son sport : l’athlétisme. Au stade qui se trouvaient à cinq minutes de chez lui, il bénéficia de conditions d’entraînement idéales. En 1984, il commença donc à s’entraîner de manière régulière, et bien sûr toujours avec plaisir.

Débuts en athlétisme

Ainsi eut-il déjà l’occasion en 1988 de participer à ses premiers Jeux Paralympiques à Séoul. Pour lui, tout se déroula un peu trop vite. Aujourd’hui encore, il déclare avoir vécu une expérience « folle ». Jean-Marc a été subjugué par le nombre de personnes présentes, les infrastructures énormes et l’atmosphère qui régnait dans ce pays si différent du sien. Il n’a donc pas vraiment réussi à engranger toutes ces impressions. Malgré tout, il gagna deux médailles : l’argent avec le relai 4x400m et le bronze sur le 10 000m.

Puis, en 1992, il se rendit aux Jeux Paralympiques de Barcelone en excellente forme. Il sut tirer profit de ses expériences à Séoul et aborder cet événement de manière plus calme et détendue. Il disposait d’ailleurs déjà de son propre fan-club. Sur le 800m, il remporta même la médaille d’argent. La même année, il établit un nouveau record du monde du 10 000m au meeting Weltklasse de Zurich. Cette course devant un public de 25 000 personnes restera gravée dans sa mémoire pour toujours.

Jean-Marc Berset prit aussi part aux Jeux Paralympiques 1996 à Atlanta. Néanmoins, il ne réussit pas à continuer sur sa lancée de Séoul et de Barcelone et rentra en Suisse sans aucune médaille autour du cou. Après cet événement, il commença à en avoir assez de l’athlétisme et ne retrouvait plus la même joie qu’auparavant. En 1997, avec sa femme Fabienne, il décida de reprendre la boulangerie de ses parents. Il prit plaisir à travailler dans la boulangerie et appréciait aussi le temps qu’il pouvait passer en famille, notamment avec ses fils Bastien et Vincent. Jean-Marc n’arrêta pas le sport pour autant. Il a toujours aimé le tennis et a d’ailleurs transmis cette passion à son plus jeune fils, Vincent. L’athlète fribourgeois ressent une énorme joie lorsqu’il joue au tennis avec lui.

Moments magiques en handbike

Les Jeux Paralympiques de 2008 à Pékin, Jean-Marc les suivit depuis sa maison. Il vit par exemple Heinz Frei remporter deux médailles d’or en handbike. Ce sport fait partie des disciplines paralympiques depuis 2004 seulement. Le multiple médaillé paralympique fut tout de suite séduit. Cette année-là, il appela donc Heinz Frei. Avec son aide, il se procura un handbike et commença à s’entraîner. Dès lors, il n’était plus limité au stade d’athlétisme ; les routes aux alentours de sa maison étaient devenues son terrain d’entraînement.

En 2009, après une longue pause, Jean-Marc Berset participa à nouveau à une compétition. Aux championnats du monde à Bogogno (Italie), il fit une entrée remarquée dans le monde du handbike, alors que le Suisse était encore inconnu dans le milieu. Au contre-la-montre, la première course des championnats du monde, il remporta même l’or. Puis, à la course sur route qui suivit, il décrocha la médaille d’argent derrière son compatriote Frei. Sa deuxième carrière commençait de la meilleure des manières. Durant les deux années suivantes, il domina la classe MH2 de la tête et des épaules. De plus, en 2010 à Baie-Comeau (Canada) et en 2011 à Roskilde (Danemark), il fut couronné deux fois champion du monde : au contre-la-montre et à la course sur route. En parallèle, il continuait à travailler à environ 80 % dans sa propre boulangerie à Bulle. Là-bas, il commençait à travailler à 23h et terminait à environ 5h du matin. Sa grande passion demeurait la fabrication du pain, une affaire de chef. Après une pause en sortant du travail, il effectuait un premier entraînement vers midi, puis souvent encore un second en fin d’après-midi. Par ailleurs, il n’a jamais eu d’entraîneur et s’est toujours fié à ses propres impressions.

Il se rendit aux Jeux Paralympiques de Londres avec le statut de favori. Le parcours vallonné de Brands Hatch était comme tracé pour lui. Premier au classement mondial, il fut le dernier à prendre le départ du contre-la-montre. À mi-parcours environ, il avait déjà accumulé un retard qui ne fit qu’augmenter par la suite. Il termina la course à la cinquième place ; il s’agissait de son pire classement en handbike. Il estime s’être montré trop sûr de lui et n’avoir pas vraiment tout donné. Déçu, l’athlète eut du mal à trouver le sommeil la nuit suivante. Néanmoins, il devait se concentrer sur la course sur route qui se déroulait deux jours plus tard. Il voulait absolument remporter une médaille et se donna à fond. Il fut récompensé par un deuxième rang. Son fan-club, toujours là même 20 ans après les Jeux de Barcelone, s’en réjouit évidemment aussi. Enfin, grâce à sa troisième place au relais par équipe avec Ursula Schwaller et Heinz Frei, il put compléter sa collection avec une médaille de bronze.

Blessures et nouveau départ

Après les Jeux de Londres, Jean-Marc Berset fut contraint de prendre une saison de pause pour cause de blessure. Aux championnats du monde 2014 et 2015, il remporta la médaille de bronze du relais, aux côtés de Tobias Fankhauser et de Heinz Frei. Cependant, ses résultats sur les autres courses se révélèrent en dessous de ses attentes. Puis, il n’obtint tout d’abord pas sa qualification pour les Jeux Paralympiques de Rio. Ce fut une grosse déception pour l’athlète, pourtant un habitué de ces événements. Or, il aurait finalement pu s’y rendre malgré tout en raison de l’exclusion de la délégation russe. Malheureusement, une blessure l’empêcha de concourir, et pour la seconde fois, il mit un terme à sa carrière.

En 2017, Jean-Marc et sa femme vendirent la boulangerie qu’ils avaient gérés durant 20 ans. Il disposait alors de davantage de temps libre, en particulier pour se reposer. L’envie de faire du handbike s’empara à nouveau de lui. Il trouva de nouveaux stimuli, fit de la musculation et commença à travailler avec un entraîneur. Ainsi se qualifia-t-il en 2019 pour les championnats du monde à Emmen. Malheureusement, il n’arriva pas à renouveler ses excellentes performances du printemps et rentra en Suisse sans même un résultat dans le top 15.

Pour Jean-Marc, le sport est un miroir de la vie. Il s’explique : « Parfois on gagne et parfois on perd, il faut savoir accepter les défaites. » Il faudrait cependant toujours essayer d’être le meilleur.