Claire Ghiringhelli, Aviron

Après la découverte d’une tumeur thoracique à la moelle épinière et une opération en 2017, la Franco-Tessinoise Claire Ghiringhelli est restée paraplégique incomplète. Un an à l’hôpital avec trois enfants à la maison n’a pas été simple à gérer, mais l’ingénieure en matériaux aéronautiques ne s’est pas laissé décourager. Avant son handicap elle a pratiqué la course à pied, le trail, l’alpinisme et le ski alpin. Des sports de nature et en montagne, mais jamais des sports nautiques.

De l’alpinisme au para aviron

Aujourd’hui, Claire Ghiringhelli a trouvé son nouvel amour dans l’aviron. « J’avais besoin de retrouver une activité qui se pratique dans la nature », raconte-t-elle. Pour la Franco-Tessinoise c’est un sport cardio et d’endurance qui la pousse à dépasser ses limites. De plus, elle n’a pas besoin de son fauteuil roulant sur le bateau, elle s’y sent libre. « En aviron valide, 80% du travail est exercé par les jambes, 15% par le dos et seulement 5% par les bras. Avec les lombaires fixées au dossier et sans la force des jambes, j’ai juste la force des bras et des épaules pour ramer », explique la rameuse qui a des grands objectifs sportifs.

Première para rameuse suisse

Le grand objectif de la Franco-Tessinoise est de qualifier pour la première fois un bateau suisse aux Jeux Paralympiques et d’y obtenir la meilleure place possible en finale le Jour J. Un autre objectif est de contribuer à développer le para aviron en Suisse où elle est la seule rameuse d’élite avec handicap actuellement.

Le meilleur résultat de Claire Ghiringhelli est la 5^e place à la Coupe du monde à Varese, puis une 4^e place à la course d’exhibition au Rotsee près de Lucerne en 2023. Cette dernière est son meilleur souvenir sportif. « Je me rappelle l’arrivée avec les cloches et les gens à la tribune qui m’ont acclamé, c’était très émouvant », se souvient-elle. C’était la première course en para aviron organisée sur ce bassin mythique.

La Tessinoise a été sélectionnée pour ses premiers Championnats du monde à Belgrade en 2023, une compétition importante pour la qualification pour Paris 2024. Malheureusement, elle a dû y renoncer à cause d’une thrombose sous le bras gauche, proche du cœur. En octobre 2023, elle a finalement pu reprendre son rythme d’entrainement normal. Début 2024, elle a amélioré son meilleur temps personnel sur 2000 mètres en Indoor à 8 minutes et 38,5 secondes.

Focus sur la qualification pour Paris 2024

Actuellement, Claire Ghiringhelli s’entraine 12 fois par semaine dont cinq sorties sur l’eau au minimum, des séances en salle sur rameur et skierg et environ cinq séances de musculations et d’étirements articulaires et deux séances de natation. À côté de l’entrainement physique, elle travaille beaucoup sur le mental. Pour financer son rêve de participer aux Jeux Paralympiques, elle a eu des subventions de la fédération Sport suisse en fauteuil roulant pour l’achat d’un bateau. De plus, elle est conférencière sur les thèmes de l’adaptation aux changements, la gestion d’échecs ou des difficultés. La vie lui en a appris beaucoup.

De l’ingénierie en aéronautique au sport nautique

Chimiste de formation, puis ingénieur en matériaux et procédés aéronautique de profession, Claire Ghiringhelli aime le côté technique de l’aviron. Dans sa vie professionnelle elle a toujours travaillé dans la recherche et les technologies, en ingénierie civile, spatiale ou pour la défense. Depuis son handicap elle travaille à 50% et très récemment dans les RH au sein de la même société, mais pour atteindre ses objectifs en aviron en route vers Paris 2024 elle a pris sept mois de congés.

Claire Ghiringhelli est Suissesse par la famille du côté par sa mère. Ses grands-parents habitaient à Minusio, proche du lac Majeur.  Née et socialisée en France, la Franco-Tessinoise habite avec ses enfants à 25km au sud de Paris. Néanmoins elle se sent proche du Tessin. « Quand j’étais à l’hôpital, le médecin m’a dit de me concentrer sur une image positive. Alors j’ai pensé à la vue sur le lac Majeur depuis la maison de mes grands-parents », raconte-t-elle, dans sa voix un peu de nostalgie que celle-ci n’est plus accessible pour elle toute seule en fauteuil roulant.

Reportage sur Claire Ghiringhelli sur RSI: