Neuf rookies à Paris
Neuf des 27 athlètes de Swiss Paralympic participent pour la première fois aux Jeux Paralympiques. Parmi eux il y a des espoirs de médailles et une pionnière.
Fabian Blum
Le Lucernois de 29 ans revient sur le lieu qui lui a valu, l’an dernier, le plus gros succès de sa carrière. Aux Championnats du monde 2023 au stade Charléty, dans le sud de Paris, il avait créé la surprise en remportant l’argent sur 100 m. «Je ressens une joie extrême quand je pense à Paris», déclare Fabian Blum. Le planificateur-électricien a obtenu un congé non payé de son employeur depuis janvier, afin de se concentrer pleinement sur ses premiers Jeux Paralympiques. Il a ainsi eu plus de temps pour se reposer, mais aussi pour participer à des blocs d’entraînements ciblés à Ténériffe et Dubai. L’ancien gymnaste artistique s’attend à une course rapide sur 400 m et 100 m au stade de France, ce qui en principe lui convient. Toutes les conditions semblent ainsi réunies pour un nouveau coup d’éclat à Paris.
Licia Mussinelli
Pour la Soleuroise de 23 ans, Paris est la ville des premières. L’an dernier, Licia Mussinelli participait pour la première fois à un Championnat du monde de l’élite, suivi cette année par le baptême du feu sur la scène paralympique. Même si l’employée de commerce qualifiée est la plus jeune de l’équipe d’athlétisme, elle a déjà quelques succès internationaux à son actif. Aux Mondiaux de cette année à Kobe au Japon, l’athlète aux racines italiennes a remporté le bronze sur 100 m, sa première médaille à ce niveau. Selon Licia Mussinellil, le niveau est encore plus élevé aux Jeux Paralympiques. Son objectif premier pour ses courses sur 100 m et 400 m n’est donc pas de remporter une médaille, mais de se qualifier pour les finales. «Je donnerai le meilleur de moi-même, assure-t-elle. Et advienne que pourra.»
Flurina Rigling
Quiconque regarde le palmarès de la Zurichoise a de la peine à s’imaginer qu’elle n’a encore jamais couru sous la bannière paralympique. La jeune femme de 27 ans est quadruple championne du monde et d’Europe. Après sa médaille d’or sur piste aux Mondiaux de Rio de Janeiro, elle est également détentrice du titre à l’omnium. En course sur route, elle remportait l’or à Glasgow en 2023 et, cette année, la victoire générale de la Coupe du monde. Comptant déjà 18 médailles de Championnat du monde dans sa collection et plusieurs records du monde, Flurina Rigling a même parfois établi de nouveaux standards tant sur piste que sur route. Les Jeux Paralympiques seraient en principe une compétition comme une autre selon Flurina Rigling qui ne se fixe délibérément aucun objectif concret, mais s’efforcera de livrer sa meilleure performance. Depuis quelques années déjà, la retenue est l’approche privilégiée de l’étudiante en sciences politiques. «Cela ne m’apporte rien de me concentrer sur des choses que je ne maîtrise pas», déclare Flurina Rigling, qui rentre d’un mois d’entraînement en altitude et a beaucoup investi dans son matériel lors de sa préparation pour Paris. Le guidon de son vélo a été optimisé, tout comme ses chaussures qu’elle fabrique désormais au moyen d’une imprimante 3D, ce qui réduit significativement les temps de production. Comme Flurina Rigling doit affronter des athlètes plus fortes dans des catégories fusionnées, elle ne compte pas parmi les plus grandes favorites. Mais une médaille à Paris n’est pas exclue en cas d’exploit.
Franziska Matile-Dörig
À l’instar de sa collègue Flurina Rigling, l’Appenzelloise a elle aussi déjà remporté quelques médailles de Championnat du monde. À Glasgow, Franziska Matile-Dörig décrochait le bronze à l’omnium et l’argent en scratch, qui ne fait pas partie du programme paralympique. Sur la route, l’athlète de 32 ans a remporté des succès remarquables l’an dernier en s’emparant de l’or aux Championnats d’Europe à Rotterdam en course sur route et au contre-la-montre. À Paris, beaucoup d’éléments doivent concorder pour espérer décrocher une médaille, estime Franziska Matile-Dörig qui travaille comme physiothérapeute et diététicienne. Un nouveau vélo de route et l’optimisation de l’aérodynamique de son vélo de contre-la-montre devraient aider l’ancienne coureuse d’orientation. Sur la piste, ses plus grands espoirs résident dans la poursuite individuelle.
Timothy Zemp
L’athlète de Kriens bénéficie d’une importante amélioration de son équipement pour les Jeux Paralympiques. Jusqu’ici, l’athlète de 31 ans enfourchait son vélo de course avec sa prothèse habituelle. Il a désormais fait développer une prothèse sportive pouvant s’accrocher directement à la pédale. Grâce à cette stabilité accrue, Timothy Zemp peut engager ses forces de manière plus ciblée et plus efficace. Ce directeur d’une entreprise informatique a toujours beaucoup investi dans le matériel et l’aérodynamique. Comme tenue de rechange, il emporte dans ses bagages celle que Stefan Küng portait récemment lors des Jeux Olympiques. «Je me réjouis énormément de l’expérience paralympique, déclare Timothy Zemp, qui ne veut pas nécessairement lier la réussite de sa première aux succès sportifs. Je suis une personne réaliste et je sais qu’il serait plutôt difficile pour moi de courir pour une médaille.» Il entrevoit ses plus grandes chances sur la piste en poursuite individuelle.
Benjamin Früh
Le Zurichois a déjà fait ses premiers tours à travers Paris. Dans le cadre d’une course test, les hanbikers ont déjà eu l’occasion d’emprunter le tracé. Même si l’athlète de 32 ans a pris la mesure de la difficulté des descentes et de l’exigence des virages, cet aperçu du tracé l’encourage aussi à déclarer qu’il va tout faire pour décrocher une médaille. À Paris, Benjamin Früh se concentre sur le contre-la-montre car sa catégorie de compétition peut prendre le départ séparément. Étant donné qu’en course sur route, plusieurs catégories courent ensemble, le médiamaticien qualifié ne voit là aucune chance de disputer les premières places.
Ilaria Renggli
Malgré le fait qu’elle ne joue au badminton que depuis quatre ans, l’Argovienne s’est déjà hissée dans l’élite mondiale. Avec sa partenaire jurassienne Cynthia Mathez en double, Ilaria Renggli fait partie d’un des meilleurs duos au monde. Son palmarès comptant déjà le bronze aux Mondiaux et l’argent aux Championnats d’Europe, la jeune femme de 24 ans rêve désormais d’une médaille paralympique. Ses chances sont plus grandes en double qu’en simple, où les concurrentes du Japon, de Chine, de Thaïlande, de Corée du Sud ou de Taïwan semblent trop fortes pour envisager un podium. Ce n’est pas pour autant qu’Ilaria Renggli veut se mettre la pression, elle souhaite avant tout profiter de sa première.
Luca Olgiati
Contrairement à Ilaria Renggli et Cynthia Mathez, l’Argovien a dû se qualifier en affrontant seul ses concurrents. À 36 ans, il est très heureux d’y être parvenu. «Pouvoir participer aux Jeux Paralympiques, c’est un événement exceptionnel pour moi», avoue Luca Olgiati. Le tableau des hommes est organisé de telle manière que seuls les premiers des quatre groupes de trois joueurs s’imposent et passent directement en demi-finale. Comme l’ingénieur HES en géomatique doit notamment affronter le numéro un mondial japonais, il ne se fait aucune illusion de pouvoir disputer plus de deux matchs.
Claire Ghiringhelli
Pour la Tessinoise d’origine, les Jeux Paralympiques se déroulent à domicile. Claire Ghiringhelli vit depuis longtemps au sud de Paris et connaît donc le site de compétition de Vaires-sur-Marne. L’athlète de 46 ans a commencé l’aviron il y a cinq ans seulement et s’est ainsi hissée au rang de pionnière en Suisse. Avant elle, personne en Suisse ne s’était aventuré à un si haut niveau en para aviron. «J’espère pouvoir motiver d’autres personnes à choisir cette discipline», déclare Claire Ghiringhelli, visiblement fière d’avoir réussi à se qualifier pour les Jeux Paralympiques. Elle espère atteindre la finale A des six meilleures rameuses. Sa première serait ainsi couronnée par un diplôme.
Texte: Simon Scheidegger
Photo: Ennio Leanza